Partir seule 2 jours

Partir seule 2 jours

Prise de décision

Depuis plusieurs années, je voulais partir seule quelques jours. Juste me retrouver avec moi-même. La solitude ne me fait pas peur, j’en ai même besoin. Depuis mon burn out en 2018, je ressens de plus en plus la nécessité d’être seule.

Je n’avais pas encore trouvé le moment, je repoussais sans cesse. J’avais toujours une bonne excuse. Pas cette année, à ces dates je pourrais mais il ne va pas faire beau, je n’ai pas d’argent…. La véritable raison est que je culpabilisais de partir sans mon conjoint. S’il y avait une personne pour représenter la culpabilité, il y aurait ma photo. Là, j’ai eu comme une pulsion, c’était maintenant ou jamais.

J’avais prévu des congés fin mai, mais mon conjoint ne pouvait. Je prends la décision de partir 2 jours à ce moment-là. 

Pour ne pas passer plus de temps sur la route que sur place, je trouve un lieu à environ 2 heures de route. 

En cherchant un coin tranquille, je tombe sur un logement insolite, en plus, il y a un bain nordique.

Au moment de partir de chez moi, j’ai une sensation bizarre, j’ai l’impression d’abandonner mes proches, alors que je ne pars que 2 jours.

Arrivée sur place, le logement correspond bien aux photos. Lieu bucolique, logement biscornu, c’est fait pour moi.

Déculpabiliser

Le 1er soir est un peu bizarre. Je ne sais pas quoi faire de ma peau. La culpabilité n’est pas loin. Je sors mes aquarelles et commence à peindre la cabane, la pluie s’invite, je continue, ce ne sont pas quelques gouttes qui vont m’arrêter. La pluie s’intensifie un peu, et l’eau avec l’aquarelle soit, c’est très chouette

cabane biscornu

quand tu maîtrises, soit ça peut vite tourner au cauchemar. Vous l’aurez compris, je rentre et je terminerai plus tard ou pas, car la seule chose que je m’impose, c’est pas de pression. J’en profite pour regarder la pluie tomber. 




Je m’allonge sur le lit et écoute un podcast sur notre part d’ombre (je vous mets le lien à la fin, j’ai pris une claque en l’écoutant). Puis je termine par un peu de lecture, avec le livre “Entreprendre et (surtout) être heureux” d’Alexandre Dana.

Réveillée assez tôt, je prends mon temps, je ne sais pas encore ce que je vais faire. Déjà, je ne culpabilise plus. Comme je ne suis pas loin de la Loire, je décide d’aller voir de plus près, en regardant sur Maps, je vois qu’il y a un château en ruine sur la route. Finalement je n’y reste que quelques instants, le tour est vite fait, en effet, il ne reste plus grand-chose de ce château.

Direction les bords de Loire, elle est très basse, il y a des pêcheurs en plein milieu qui sont sur des bandes de cailloux. Il y a une véloroute qui va jusqu’à Orléans, je m’engage dessus à pied et bifurque rapidement dans un petit sentier de randonnée. Je suis entourée d’arbres et d’herbes hautes, là où d’habitude, je n’aurais pas osé m’aventurer, j’y vais sans me poser de questions. J’avais l’impression de faire la course d’orientation dans Koh Lanta. Bon, je m’emballe un peu.

En repartant, je me dis que j’irais bien dans un parc pas loin de là cet après-midi.

Je mange vite fait et m’allonge pour regarder Roland-Garros. En fin de compte c’est Roland-Garros qui m’a regardé.

Il n’est pas loin de 16h, je reste dans le terrain où je loge pour lire un autre livre “Comme par magie” d’Elizabeth Gilbert. Un bruit étrange me perturbe un peu, une sorte de crissement, suivi d’un moteur qui démarre. Je suis vers des champs, je suppose que c’est un tracteur qui a du mal. Ce qui est bizarre, c’est que le bruit revient régulièrement. Bref ! 

Je reprends mon aquarelle laissée la veille, j’essaie de la rattraper comme je peux, puis le propriétaire arrive vers 17h30, afin de faire chauffer au bois le bain nordique. Il faut environ 1h pour atteindre les 35-36°.

Alors qu’il prépare le poêle, le bruit bizarre survient à nouveau. Le propriétaire me dit que c’est, non pas un tracteur, mais un faisan qui a élu domicile à côté. Je ne savais pas qu’un faisan un cri pareil. Écoutez, vous m’en direz des nouvelles.(Chant du faisan de Colchide, Refuge LPO, Le Verger)

Profiter

bain nordique

L’eau est chaude, le soleil brille un peu, je me plonge dans le bain et profite. J’ai passé un moment excellent dans ce bain en pleine nature, j’ai trempé pendant 45 minutes et quel bonheur de ne penser qu’à soi et de se faire plaisir.

La soirée s’est terminée tranquillement en lisant et écoutant des podcasts.

Bellegarde et ses rosiers



Le lendemain, avant de rentrer chez moi, je suis allée jusqu’à Orléans. J’y suis restée environ 2h, le temps de visiter le centre et de manger au restaurant. J’avais un peu peur de manger seule, finalement c’était un bon moment.
Sur le retour, je me suis arrêtée à Bellegarde, choisi dès 1972 comme le premier village des Roses de France, le château est actuellement en rénovation. Une dame m’a interpellé et m’a raconté sa vie, je l’ai écoutée gentiment et j’ai continué ma balade, puis je suis rentrée en fin d’après-midi.

Les points positifs de cette escapade :

  • la nature
  • ne pas parler
  • ne faire que ce que je veux
  • ne pas culpabiliser
  • prendre le temps

les points négatifs :

  • logement en bois, charmant et atypique, mais en bois. Et le bois ça travaille, ça craque donc souvent et je n’ai donc pas super bien dormi.
  • le cri du faisan, oui je ne m’en remets pas, la journée ça va, mais la nuit, c’est un peu relou les “hraah hraah”, suivi des battements d’ailes sonores.

Mis à part ces 2 derniers petits points, j’ai passé 2 jours vraiment géniaux. Tout le monde devrait pouvoir s’octroyer au moins 2 jours en tête-à-tête avec soi-même. Quand j’ai dit que je partais seule, j’ai eu comme réactions, mais tu ne vas pas t’ennuyer ? Moi, m’ennuyer, impossible. Je lis, dessine, me promène, écoute de la musique … Et même si je reste à chiller pendant 1h dans un transat, je ne m’ennuie pas. Je me rends compte que soit les gens culpabilisent aussi de partir seuls, soit ils ont peur d’être avec eux-mêmes. Pourtant, c’est dans ces moments-là qu’on se connaît le mieux.

J’étais partie sans idée. Je ne me suis forcée à rien. J’aurais pu en profiter pour faire une déconnexion totale des réseaux, au final, cela s’est fait naturellement. Je publiais juste quelques photos que je prenais sur le moment. Pas de scrollage intempestif pour m’occuper, bien au contraire.

Clairement, je vais renouveler l’expérience, sur plus de jours.

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