L’art ce n’est pas que « faire du beau ».
Longtemps, j’ai pensé que pour plaire, il fallait que je fasse des œuvres belles, esthétiques, avec les bonnes proportions, les vraies couleurs, du figuratif quasi-parfait. Pour coller au réel.
Je pense que cela vient du fait qu’on parle de « beaux-arts ». Est-ce que dans l’inconscient collectif, ce terme, induit que l’art doit être beau ? Vous avez 3h 😉
Alors oui, c’est souvent très beau, j’ai déjà eu des « wahou », mais au fond, il se passe quoi dans cette création. Parfois pas grand-chose, en tout cas pour moi.
Je comprends tout à fait que les gens (je m’inclus) aient besoin de « beau » chez eux, pour décorer un salon, une chambre…
Et j’apprécie en faire, mais quand je ne fais que ça, je suis frustrée.
Mon univers est bien plus large. Dans ma tête, ça tourbillonne à plein pot. Je n’ai pas de problème d’inspirations. Jusqu’à maintenant, je n’osais pas me laisser aller. Ou alors, en catimini et hop je refais du beau, bien léché.
Ce qui se cache derrière, c’est de la peur tout simplement.
Peur que les gens trouvent ça moche, ne me suivent plus, me rejettent. C’est fort comme mot, mais derrière, c’est bien ça qui se trame.
Le monde de l’art est déjà assez compliqué, alors si je me mets des bâtons dans les roues, je ne vais jamais y arriver.
Mais, au final, en ne faisant que ce qu’on attend de moi, je renie une part de ma personnalité.
Pendant 40 ans, je me suis cachée derrière un joli masque. Et puis j’ai fait un burnout ou plutôt un black-out de la vie.
Donc, désormais, je vais dessiner, peindre ce qui me fait kiffer, vraiment.
Ce sera biscornu, bizarre, singulier, incompréhensif pour certains et limpide pour d’autres.
Et tant pis, si ça ne plaît pas à tout le monde, mais au moins, ce sera moi à 100% et pas une pâle copie.